AGIR POUR LA CRÉATION
"laudate deum" : louez dieu
8 ans après la sortie de son encyclique « Laudato Si », le pape François a publié le 4 octobre 2023, jour de la fête de Saint François d’Assise qui a clôt le Temps de la Création, « Laudate deum », un nouveau texte sur l’écologie, et plus spécifiquement sur la crise climatique.
Un cri d’Alarme à toutes les personnes de bonne volonté au sujet de la crise climatique.
L'Exhortation apostolique "c'est la confiance" du Pape François sur la confiance en l'amour miséricordieux de Dieu à l'occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face, le 14 octobre 2023.
Après Laudato Si’ (2015) et Fratelli tutti (2020) l’exhortation apostolique que le Pape François publie Laudate Deum (Louez Dieu) le jour de la Saint François d’Assise et fête de la création s’intéresse essentiellement à la crise climatique. Il s’agit de sa troisième publication autour de la question de l’écologie intégrale.
Beaucoup plus court que les deux précédents, Laudate Deum se décline en six petits chapitres :
1. La crise climatique globale
2. Davantage de paradigme technocratique
3. La faiblesse de la politique internationale
4. Les conférences sur le climat : progrès et échecs
5. Que peut-on espérer de la COP28 de Dubaï ?
6. Les motivations spirituelles
A l’instar de Laudato si’, François ouvre son exhortation par une louange au Dieu créateur et en particulier par l’émerveillement du Christ devant les oiseaux et les lys des champs (Mt 6, 28-29). On ne protège bien que ce que l’on aime vraiment.
Les cinq premiers chapitres portent sur une analyse de la crise climatique et les différentes approches pour la résoudre. Il est clair que le Pape fait siennes les analyses et les conclusions du GIEC en s’appuyant sur de nombreuses données chiffrées. Il n’hésite pas non plus à réfuter les opinions minoritaires des climato-sceptiques que l’on trouve aussi dans l’Eglise catholique.
Déjà évoqué dans Laudato si’, le Saint-Père revient abondamment sur le « paradigme technocratique » qui représente à ses yeux la cause principale de la course folle vers le réchauffement climatique. Paradigme qui consiste à penser « comme si la réalité, le bien et la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même » (20). Avec un certain sens de l’ironie, François n’hésite pas à critiquer le pouvoir livré à lui-même : « Il suffit de penser aux technologies ‘’admirables’’ qui ont été utilisées pour décimer les populations, lancer des bombes atomiques, anéantir des groupes ethniques » (24). On retrouve là un écho du « cogito blessé » décrit par Paul Ricoeur après les horreurs de la seconde guerre mondiale. Un premier chemin pour sortir de l’usage démesuré que l’homme a acquis sur son environnement et de l’aider à retrouver son lien harmonieux avec la nature
dont il fait partie (27). Seul « l’aiguillon de l’éthique » lui permettra de retrouver une vision à long terme. La politique internationale demeure aux yeux de François un lieu indispensable pour affronter ce défi majeur. Dans ce contexte, il privilégie les institutions internationales et le multilatéralisme.
Le quatrième chapitre reprend l’historique des différentes COP sur la crise climatique. Mais il reste dubitatif sur leurs résultats : « Les accords n’ont été que peu mis en oeuvre parce qu’aucun mécanisme adéquat de contrôle, de révision périodique et de sanction en cas de manquement n’a été établi » (52).
La cinquième partie se concentre sur la prochaine COP 28 qui aura lieu à Dubaï. Il est assez étonnant de voir le Pape essayer de peser sur les prochaines négociations sur le climat. Ses arguments sont connus : lutter contre le réchauffement climatique coûte cher mais ne pas le faire sera encore plus douloureux pour nos finances (57). Croire que la science pourra tout résoudre relève selon lui d’un « pragmatisme homicide » (57). De manière plus positive, il invite à penser à ceux et celles auxquelles nous tenons le plus, nos enfants (58). Il faut espérer que ce sera un moteur supplémentaire pour motiver les négociateurs à sortir du « bricolage ».
Pour conclure, il s’agit pour François de ne pas renoncer à l’espérance et de la fonder sur sa foi en Dieu. Car si « tout est lié », le pire serait de se couper du lien avec Dieu voire de prendre sa place : « ‘’Louez Dieu’’ est le nom de cette lettre. Parce qu’un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même » (73)
Mgr Bruno Feillet, Evêque de Séez
Président du Conseil Famille et Société
« Laudato si’ » : le pape François annonce une « mise à jour » de l’encyclique
Le pape François a annoncé qu’il était en train d’écrire une suite à son encyclique phare sur l’écologie intégrale, « Laudato si’ », une « mise à jour » qui tiendra compte des « problèmes actuels ».
L'encyclique du pape François sur l'écologie a été publiée le 18 juin 2015.
C'est ainsi que commence cette encyclique dédiée à la création et à l'écologie humaine :
«Laudato si’, mi’ Signore », - «Loué sois-tu, mon Seigneur», chantait saint François d’Assise. Dans ce beau cantique, il nous rappelait que notre maison commune est aussi comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts : «Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe »
Les dix citations clés de l'encyclique du Pape
Par Jean-Marie Guénois
1 ● «J'adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l'avenir de la planète. Nous avons besoin d'une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous.»
2 ● «Il existe un consensus scientifique très solide qui indique que nous sommes en présence d'un réchauffement préoccupant du système climatique (…) L'humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou l'accentuent.»
3 ● «Il y a, en effet, une vraie “dette écologique ”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l'utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays.»
4 ● «La faiblesse de la réaction politique internationale est frappante. La soumission de la politique à la technologie et aux finances se révèle dans l'échec des Sommets mondiaux sur l'environnement.»
5 ● «Tout est lié (…) Toute approche écologique doit incorporer une perspective sociale qui prenne en compte les droits fondamentaux des plus défavorisés. (…) Puisque tout est lié, la défense de la nature n'est pas compatible non plus avec la justification de l'avortement (…) la dégradation de l'environnement et la dégradation sociale, s'alimentent mutuellement.»
6 ● «Le XXIème siècle, alors qu'il maintient un système de gouvernement propre aux époques passées, est le théâtre d'un affaiblissement du pouvoir des États nationaux, surtout parce que la dimension économique et financière, de caractère transnational, tend à prédominer sur la politique. Dans ce contexte, la maturation d'institutions internationales devient indispensable, qui doivent être plus fortes et efficacement organisées, avec des autorités désignées équitablement par accord entre les gouvernements nationaux, et dotées de pouvoir pour sanctionner.»
7 ● «L'heure est venue d'accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d'autres parties.»
8 ● «Les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris ni ironie. Nous pourrions laisser trop de décombres, de déserts et de saletés aux prochaines générations. Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l'environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le style de vie actuel, parce qu'il est insoutenable, peut seulement conduire à des catastrophes.»
9 ● «C'est un retour à la simplicité. La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice. Ce n'est pas moins de vie, ce n'est pas une basse intensité de vie mais tout le contraire. Le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités qu'offre la vie. L'heure est arrivée de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a peu servi.»
10 ● «Il ne suffit pas de concilier, en un juste milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation de l'environnement et le progrès. Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l'effondrement. Il s'agit simplement de redéfinir le progrès.»